RENCONTREZ L'ARTISTE
ALICE SCHWAB - CREATTITUDES
" Le raku n'est pas qu'une technique de céramique, c'est une philosophie de vie qui nous encourage à embrasser l'imperfection et à trouver la beauté dans l'inattendu. "
CREATTITUDES
Alice Schwab partage avec nous sa passion devenue son savoir-faire : l'art japonais du raku
Racontez-nous votre histoire, comment vous est venue votre vocation ?
La découverte du raku a été pour moi une véritable révélation. Lorsque je me suis mise en freelance il y a 19 ans, la liberté d'organiser mon temps m'a ouvert de nouvelles portes. C'est ainsi que j'ai poussé la porte d'un atelier parisien où une céramiste pratiquait le raku, cette technique de cuisson ancestrale venue du Japon.
Dès ma première initiation, j'ai été captivée par la magie du processus. Le spectacle des pièces soumises au choc thermique, puis l'enfumage qui leur donne leur caractère unique - tout cela m'a conquise instantanément. C'est le feu qui devient l'artiste final, et cette part d'imprévu m'a fascinée au point qu'il m'était impossible d'envisager un autre type de céramique.
J'ai donc approfondi ma technique pendant plusieurs années, multipliant les cours de tournage. Je saisissais chaque occasion de pratiquer une nouvelle cuisson raku. Les retours enthousiastes sur mes premières pièces offertes à mon entourage m'ont encouragée à me lancer dans la vente. Au fil du temps, j'ai exploré de nouvelles variations comme le raku nu et le raku crin de cheval, m’ouvrant ainsi de nouveaux horizons créatifs.
Mon inspiration puise dans mon éducation artistique éclectique. Je suis particulièrement sensible aux formes que je croise - qu'il s'agisse d'œuvres d'art, d’objets aperçus dans une vitrine d’un magasin ou d'éléments naturels comme une graine ou encore une écorce. Ces rencontres visuelles ressurgissent souvent des mois plus tard, transformées par l'émotion et le souvenir. De plus, avec le temps j’ai découvert à quel point la philosophie du wabi-sabi et son acception de l'imperfection s’accordait naturellement avec le lâcher-prise nécessaire pour apprécier de travailler le raku. Face aux retours de plus en plus encourageants lors d'expositions et de salons, j'ai finalement choisi de me consacrer entièrement à cet art.
Comment décririez-vous votre style, votre démarche artistique ?
Imprégné d'influences japonaises et de l'esprit wabi-sabi qui célèbre la beauté de l'imperfection, mon style marie contemporain et tradition séculaire. En tant qu'esthète inspirée par la nature, je privilégie les formes épurées et douces. Les courbes de mes créations évoquent confort et sérénité. Mes pièces sont conçues comme des canevas où la beauté naturelle et aléatoire du raku peut s'exprimer librement, sublimant les textures craquelées et enfumées de la matière.
Quels sont les thèmes ou les sujets qui vous inspirent le plus dans votre travail ?
Le tournage est pour moi un moment méditatif et tactile essentiel. Pendant la préparation de la terre, je laisse mon esprit vagabonder vers des formes qui allient décoration et utilité. J'ai une véritable passion pour les boîtes, qui est devenue presque obsessionnelle ! Mais mon travail s'étend aussi à l'ikebana et la décoration florale - le végétal trouve un écrin parfait dans le raku. L'esprit zen se reflète également dans mes créations de porte-encens, photophores et accessoires d’arts de la table.
Comment travaillez-vous ?
Mon atelier se trouve à Hossegor dans les Landes, à quelques pas de l'océan. Dans cet espace aménagé du garage, j'ai réuni tout l'équipement nécessaire : tour de potier, tables de travail et de pétrissage, crouteuse pour les plaques d'argile, étagères et four électrique pour le « biscuit » (la première cuisson). La particularité de mon installation est le four à gaz extérieur dédié au raku, situé juste devant l'atelier - un avantage précieux vu le côté physique du processus.
Je travaille avec une argile spécifique au raku, enrichie en chamotte (petits grains de terre cuite concassée) pour résister aux chocs thermiques. Mes émaux, sans plomb, sont également spécialement formulés pour cette technique.
Avez-vous une technique particulière, un savoir-faire particulier ? Sans nous dévoiler tous vos secrets, avez-vous développé vos propres méthodes et techniques ?
La magie du raku se révèle lors de la cuisson. Après le façonnage et le séchage, les pièces subissent une première cuisson de deux jours au four électrique - le biscuit. Une fois dépoussiérées et émaillées, elles sont prêtes pour la cuisson raku au four à gaz.
En à peine plus d'une heure, la température atteint près de 1000 degrés. C'est alors que je sors les pièces incandescentes avec des pinces spéciales. Le choc thermique fait craqueler l'émail en fusion. Les pièces sont ensuite placées dans des copeaux de bois, et quand les flammes jaillissent, je couvre l'ensemble. Le carbone pénètre alors les craquelures et enfume les zones non émaillées.
Le nettoyage final révèle des motifs parfois semblables à des caractères japonais - c'est toujours un moment magique !
Parlez-nous de votre quotidien, de vos contraintes, de vos joies, vos réussites…
Comme beaucoup d'artistes solitaires, je dois m'efforcer de sortir de ma bulle créative - même avec l'océan à portée de main ! Les rencontres avec le public et d'autres céramistes sont essentielles. Si la création reste un moment privilégié, je dois aussi gérer les aspects plus terre à terre : administration, prospection et promotion de mon travail.
La communication demande un investissement considérable : séances photo, rédaction de fiches produits, présence sur les réseaux sociaux... Quand ces tâches deviennent pesantes, je m'accorde une pause océanique avant de retrouver mon tour. Le contact avec la terre me recentre et me permet de mieux aborder ces obligations.
La céramique peut sembler solitaire, mais c'est un métier sensoriel où je dialogue avec les éléments. Les journées de cuisson raku, bien que fatigantes, sont particulièrement gratifiantes. C'est l'aboutissement d'un long processus qui va créer du bonheur quelque part dans le monde. Cette reconnaissance nourrit mon énergie créative et me pousse à continuer.
Un message à faire passer, autre chose que vous aimeriez partager ?
Le raku nous enseigne une belle leçon : accepter de ne pas tout contrôler. Dans un monde où nous cherchons souvent la perfection, cette technique ancestrale nous rappelle que la beauté peut naître de l'imprévu. J'invite chacun à découvrir cet art qui unit tradition et contemporanéité, hasards heureux et lâcher-prise. Le raku n'est pas qu'une technique de céramique, c'est une philosophie de vie qui nous encourage à embrasser l'imperfection et à trouver la beauté dans l'inattendu.
QUELQUES PIÈCES DE L'ARTISTE
Paire de porte couteau en céramique - carpe koï orange et noir.
Prix habituel
€38,00 EUR
Prix habituel
Prix soldé
€38,00 EUR
Prix unitaire
par
Paire de boites en forme de tube en céramique raku
Prix habituel
€180,00 EUR
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Prix soldé
€180,00 EUR
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