RENCONTREZ L'ARTISTE

LOLA MATHÉ

Artiste Lola Mathé peintre française

"je tente d’insuffler une dimension méditative et contemplative à mon travail, détachée de tout intellectualisme, je préfère me tourner vers les sensations ressenties. Je fais, c’est instinctif."

LOLA MATHÉ

LOLA MATHÉ

artiste plasticienne & designer graphique , Paris (75)

Lola nous transporte dans son univers et partage avec nous son cheminement artistique.

Racontez-nous votre histoire, comment vous est venue votre vocation ?

J’ai toujours été manuelle. Petite, je conservais des morceaux de papiers destinés à être jetés, je les collectionnais, parfois pour les réutiliser mais la plupart du temps, pour les accumuler, par amour du papier. A la suite de mes études en Arts Appliqués, je me suis spécialisée dans le design et la décoration d'intérieur jusqu’à intégrer aujourd’hui une agence de création et de production artistique. En parallèle, je mène ma pratique personnelle, axée autour de la peinture au café et du collage mix média. En décembre 2022, je candidate et je rejoins Le Cercle de l’Art afin d’ouvrir ma démarche plus concrètement au champ artistique et d’assumer ce nouveau vecteur d’expression. Cette nouvelle aventure représente pour moi une première démarche d’exposition, d’échanges et de rencontres au sein d’une communauté de femmes artistes.

Comment décririez-vous votre style, votre démarche artistique en quelques mots ?

Les fleurs sont la source principale d'inspiration pour nourrir et créer ma collection de collages. Les observer me permet de retranscrire à travers mon travail artistique l’émotion qu’elles procurent. Je commence par en tracer les contours sur le papier pour créer des compositions raffinées et émotionnellement évocatrices, oscillant entre figuration et abstraction. Créant le lien entre les pleins et les vides, et dans un jeu pointu d’équilibre, les volumes s’articulent et les formes de papier symbolisent l’éclosion et la mouvance de ces phénomènes fugaces et éphémères. Un sentiment de fragilité imprègne mes oeuvres.

Ma collection de peintures au café s'inscrit dans une démarche plus minimaliste, basée sur l’idée de répétition : le point, la ligne, une couleur. Elle se définit par une utilisation harmonieuse de formes et de lignes obtenues grâce à l'utilisation du café comme médium. J’aime penser mon oeuvre comme une calligraphie, avec sa méthode, sa mesure, son rythme. Ainsi, je tente d’insuffler une dimension méditative et contemplative à mon travail, détachée de tout intellectualisme, je préfère me tourner vers les sensations ressenties. Je fais, c’est instinctif.

Quels sont les thèmes ou les sujets qui vous inspirent le plus dans votre travail ?

Je suis d’une manière générale poreuse à tout ce qui m’entoure. Je pense qu’absolument tout est matière à création : ce que je vois, ce que j’entends, tout est source d’inspiration peut donner naissance à des interprétations nouvelles. Je me nourris d’images, de perceptions, d’histoires. Je me passionne pour la philosophie, les Sciences, et la poésie : j’ai besoin de ce compagnonnage-là. 

À travers ma collection de collages "Pétales", je m’intéresse au caractère poétique et éphémère de la vie, cette manière dont le monde physique, psychique ou social se manifeste à la sensibilité d’un être vivant, et à ce qui nous est donné de percevoir de leurs articulations au monde. L’oeil perçoit, enregistre des couleurs, des lumières, des reflets. Il devient un capteur du monde qui l’entoure, s’approchant d’une beauté sensible du quotidien. Mes collages sont le reflet de paysages imaginaires où formes et couleurs s’articulent et dialoguent entre elles.

Entre lâcher prise et contrôle, ma collection de peintures au café se laisse guider par le parcours du pinceau ; il est comme un fleuve le long duquel je me laisse porter, il suit un rythme, celui du coeur. Cette promenade propose une réflexion sur les connexions qu'il existe entre chaque être, chaque chose. Qu'elles soient visibles ou invisibles, ces connexions -ces lignes- sont omniprésentes dans notre quotidien. En jouant avec différentes nuances et textures disposées systématiquement, je crée une variation constante d'abstractions minimalistes poétiques et mouvantes. Je cherche à relier, tisser des liens, des résonances.

Dans ma série de peintures au café, mon travail se déploie à travers des œuvres intuitives dans laquelle le temps, geste et la répétition occupent une place prépondérante : je m’interroge sur ce qui se passe, ce qui se répète, ce qui reste, ce qui s’efface. 

Comment travaillez-vous ?

Je travaille dans mon atelier, basé à Paris, dans le 10ème arrondissement. C'est un endroit petit mais lumineux et fonctionnel, j'y respire sans difficultés, je m'y sens bien.
Le papier est un peu la colonne vertébrale de mon travail, un élément central, un trait d’union entre différents matériaux et outils que j’utilise. J'ai à coeur d'utiliser des matériaux respectueux de la nature, c'est pourquoi utiliser le café comme médium répond parfaitement à ce désir de prendre soin de l'environnement mais aussi de moi-même. Du papier, du café, de l'eau, et quelques pinceaux, c'est tout.
D'autre part, j'accumule et de je rempli des boîtes avec toutes sortes de papiers, que je vais ensuite explorer, sélectionner, avec un désir de les transformer, de les sublimer, d'en faire émerger de nouvelles formes. Je tente de me laisser guide par les couleurs, en réfléchissant à leur présence, à la place qu'elles occuperont sur la feuille de papier, à la recherche d’un équilibre, d'une vibration.

Avez-vous une technique particulière, un savoir-faire particulier ? Sans nous dévoiler tous vos secrets, avez-vous développé vos propres méthodes et techniques ?

Prenons l'exemple du café, que j'utilise comme médium pour réaliser mes illustrations. Je n'ai rien inventé, et pourtant, je suis toujours fascinée et émerveillée par la richesse créative que ce médium permet : une matière première très riche, gorgée de nuances, de textures, que je tente d'apprivoiser à chaque nouvelle création. J’apprécie cette manière ludique de travailler en jouant avec l'eau et le café en superposition ou en retrait selon les effets souhaités. Sa solubilité dans l'eau en fait aussi une technique délicate d'utilisation.

Quelques fois, je laisse les couleurs chaudes du café s’évader sur le papier, fil conducteur d’une harmonie colorée délibérément construite. Je joue avec ses nuances, sa densité. Je le trouve intéressant et ludique à travailler, le café offre un large panel de nuances et de reflets irisés en fonction de sa densité, il capte et renvoie la lumière, il vit sur le papier. C’est aussi redonner vie à un matériaux du quotidien, le considérer autrement, le transformer et le sublimer. Faire des expérimentations, tests, essais, voir comment une tache de café (ré)agit sur le papier. C’est comme une rencontre, une conversation entre le papier et moi. À l’inverse de toute vision mécanique, peindre avec le café, c’est aussi laisser la place à l’irrégularité, à un tremblement de la main. C’est se laisser surprendre par une maladresse incontrôlée, s’étonner d’un heureux accident, d’une bavure. Et c’est tout cela qui anime mes œuvres d’une âme et d’une émotion sensible. 

Parlez-nous de votre quotidien, de vos contraintes, de vos joies, vos réussites…

J'ai toujours eu le sentiment de faire de ma passion, mon métier. Sans abîmer cette passion. C’est précieux et c’est une chance, un luxe, j'en suis pleinement consciente et reconnaissante.

Je pense qu'il y a dans notre inconscient, des éléments préformés qui vont nous conduire vers des êtres et des événements qui nous sont propices. Qu'il faut faire confiance à la vie. Je ne sais absolument pas de quoi sera fait demain et quelques fois cela me terrorise. Mais, lorsque je me retourne sur mon chemin tracé, celui que j'ai suivi sans trop savoir, je me suis laissée portée. Il y a eu des moments clé, des histoires, des expériences, des sentiments, des récits, des ressentis, des mots, des silences, de la nourriture, du beau, des envies, des désirs, des joies, des peines, des peurs, des rêves, des projets. Tout cela me constitue aujourd'hui et ce chemin se révèle bénéfique.
Je pense qu'il est bon de se placer soi même dans une certaine disponibilité, un abandon à la rencontre, à la circonstance et le désir de capter ce qui se dit, d'éprouver nos émotions, ces petites fenêtres de l’âme qui s’ouvrent sur la liberté d’expression. Lorsqu’elles vous cueillent dans votre quotidien, cela devient une fenêtre sur l’évasion et une porte ouverte sur l'imaginaire.

QUELQUES PIÈCES DE L'ARTISTE

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