RENCONTREZ L'ARTISTE
LALEH MOSTOFI
" Mon travail m’apporte personnellement de l’apaisement et des révélations. L’art est un déclencheur d’émotions. Avec les mots et les maximes le cerveau est guidé. "
LALEH MOSTOFI
Laleh nous partage son vécu, son histoire, riche et complexe : son chemin vers la calligraphie
Racontez-nous votre histoire, comment vous est venue votre vocation ?
Je suis née en Iran, le pays des grands maitres calligraphes. Cet art fait partie de ma culture mais je ne l’ai pas étudié. Je suis autodidacte.
J’ai eu des expériences professionnelles diverses dans ma vie. Après mes études universitaires à La Sorbonne, j’ai très vite quitté le monde de l'entreprise, cherchant plus de liberté dans ma pratique professionnelle.
Mon vécu est riche car je fais partie d’une génération de « déracinée ».
J’ai quitté l’Iran suite à la révolution islamique à l’âge de 12 ans. Mon pays d’origine a connu 8 ans de guerre (contre l’Irak). Ma vie d’adulte parisienne a subi des hauts et des bas. Je m’interroge comme beaucoup sur le sens de la vie.
Je suis désormais thérapeute à Paris. Je guide mes clients en quête de bien-être et de sagesse à travers une réflexion méditative.
C’est dans l’exercice de mon métier que la calligraphie s’est imposée à moi, comme une évidence.
Les messages que je calligraphie sont la continuité de mon travail de thérapeute.
Mes créations proposent à l’observateur un « entraînement mental ». Chaque message est un thème de méditation.
Comment décririez-vous votre style, votre démarche artistique en quelques mots ?
Dans le domaine du développement personnel, le processus de transformation de l’esprit est long. Il nécessite l’ancrage de nouveaux principes et convictions.
La répétition est une technique d’ancrage très puissante. L’écriture répétée des mots et des maximes raisonnent dans l’esprit tels des mantras et ouvre le champ des possibles.
Mon travail m’apporte personnellement de l’apaisement et des révélations. L’art est un déclencheur d’émotions. Avec les mots et les maximes le cerveau est guidé.
Il réagit sans biais. C’est très puissant. Concernant les questionnements existentiels j’aime l’idée que mes créations puissent faire révéler des choses.
Quant à mon style, il est tout à fait personnel. Je ne suis pas issue du milieu de l’art. Je n’ai pas étudié la calligraphie. Je qualifie mon travail de « non académique » et « libre ».
J’ai mes propres références en matière de calligraphie (notamment persane). J’aime beaucoup l’art japonais en général et le minimalisme. J’ai toujours été fascinée par les belles écritures (latines et persanes).
En imbriquant et superposant les messages la lecture demande parfois plus d’attention. Ce jeu me plaît bien !
Je cherche sans cesse un équilibre entre l’harmonie des lettres et une composition qui me semble cohérente. Tomber dans le gribouillis est vite arrivé !
Le Beau est un principe essentiel dans mon travail.
Quels sont les thèmes ou les sujets qui vous inspirent le plus dans votre travail ?
Je fais de la calligraphie. Il n’y a donc pas de « thème » comme en peinture par exemple. Les thèmes dans mon travail concernent les sujets que je traite.
Toutes les valeurs existentielles et les qualités humaines m’inspirent. Ce sont bien évidemment les sujets que j’aborde avec mes clients en tant que thérapeute. Mes messages sont souvent très simples.
Je les écris avec une « attention » particulière pour leur donner plus de force.
Dernièrement j’ai travaillé sur des « séries », notamment la « sagesse » et « l’amour », des thèmes passionnants. Ce sont des messages complémentaires, en petits formats.
L’ensemble constitue une réflexion plus complète sur le sujet.
Comment travaillez-vous ?
Je travaille derrière un bureau. Ce peut être à Paris, en Normandie ou à Téhéran.
Je puise mon inspiration principalement dans mes lectures, dans différents domaines tels que la littérature française classique, la philosophie, évidemment la psychologie et enfin la poésie persane. J’ai plusieurs carnets où je note des idées, des phrases ou des citations.
Je lis toujours avec un crayon à papier en main.
Je choisis un mot ou une phrase. Je m’entraîne à l’écrire en répétant. C’est très apaisant.
C’est la première étape de mon travail où je tente de posséder les mots, me les approprier mentalement mais également dans leur forme parfois déformée.
Je joue avec les lettres, dans 2 ou 3 langues, le français, l’anglais et le persan.
J’adopte alors une forme d’écriture et une fois maîtrisée, j’attends que le moment créatif m’appelle.
J’ai alors un rituel. J’étale sur ma table tous mes cahiers de notes, mes feutres de calligraphie, pinceaux et encre de chine, mes feuilles de dessins dans tous les formats, mes brouillons d’écriture, quelques anciennes créations.
Et je me lance !
Avez-vous une technique particulière, un savoir-faire particulier ? Sans nous dévoiler tous vos secrets, avez-vous développé vos propres méthodes et techniques ?
J’utilise beaucoup les feutres de calligraphie car ils me donnent plus de possibilités créatives, par exemple dans la superposition des mots. J’utilise évidemment l’encre de Chine avec des pinceaux différents (même de peinture). Le « ghalam » de calligraphie ne convient pas à mon travail actuel. J’écris vite. Ce rythme n’est pas possible avec.
J’utilise du papier Canson. Je ne fais pas d’effet de style avec le papier. Ce qui compte pour moi c’est le fond (le message) et l’harmonie de la composition.
Mon savoir-faire c’est mon écriture. C’est ma singularité.
Parlez-nous de votre quotidien, de vos contraintes, de vos joies, vos réussites…
Mon quotidien est partagé entre mon métier de thérapeute, ma vie familiale et mon activité artistique.
Je m’occupe beaucoup de ma mère. La famille est ma source de joie (parfois de tristesse).
Je passe mon temps entre Paris, la Normandie et l’ile de Ré. J’aime la nature et je rêve de m’installer à la campagne. Je voyage 2 fois par an en Iran. C’est très inspirant pour moi. A Téhéran, je m’installe dans le bureau de mon père (qui n’est plus là depuis longtemps) que nous avons conservé. Là je vis des émotions fortes, un mélange de fierté, de nostalgie et parfois même de tristesse. Je rentre de ces voyages très inspirée et toujours avec beaucoup de questionnements sur le sens de ma vie.
Quant à la réussite, pour moi c’est être audacieux et entreprendre des choses dans la vie, vivre des expériences différentes. Ce que j’ai fait. J’estime donc avoir eu jusque-là une vie réussie !
Un message à faire passer, autre chose que vous aimeriez partager ?
Mon message rejoint ce que je viens de dire ! Activez l’audace et n’ayez pas peur de la vie.
Ce qu’il faut éviter par-dessus tout c’est le regret.
QUELQUES PIÈCES DE L'ARTISTE
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