RENCONTREZ L'ARTISTE
CÉCILE TISSOT
" Terre, bois, pierre, pigments, cire, plâtre, éléments naturels glanés dans la nature : tout cela se mélange, se repousse, se racle, se taille et je cherche à donner à la matière un souffle d’équilibre et de silence. "
CÉCILE TISSOT
Cécile nous emporte dans son univers, en nous dévoilant sa volonté de "restituer un chuchotement de langage sacré, qui inviterait le monde des formes à enchanter le quotidien."
Racontez-nous votre histoire, comment vous est venue votre vocation ?
J'ai toujours aimé m'exprimer artistiquement, dessiner, peindre... venant d'une famille d'artistes, j'y ai été encouragée. J'ai d'abord fait une école de commerce et travaillé dans l'humanitaire, avant de bifurquer à l'âge de 30 ans pour me former en tant que sculptrice et devenir artiste professionnelle, ce qui est une vocation à renouveler tous les jours.
Comment décririez-vous votre style, votre démarche artistique en quelques mots ?
Je recherche un dialogue direct et sensible avec les matériaux bruts, que je confronte aussi entre eux. Terre, bois, pierre, pigments, cire, plâtre, éléments naturels glanés dans la nature : tout cela se mélange, se repousse, se racle, se taille et je cherche à donner à la matière un souffle d’équilibre et de silence. Je suis dans un travail foisonnant, nourrie de l’appel de nouvelles découvertes, un travail qui prend des formes et des formats multiples et débouche sur des créations déclinées dans divers média : sculptures et installations, parfois participatives, dessins, peintures, objets d’arts. J'essaie de restituer un chuchotement de langage sacré, qui inviterait le monde des formes à enchanter le quotidien.
Quels sont les thèmes ou les sujets qui vous inspirent le plus dans votre travail ?
Je suis inspirée par la place de l’art dans l’émoi de l’âme, ces petits frissons qui nous font nous connecter à des espaces plus vastes. Je travaille par exemple depuis 2005 sur le thème des oratoires vides, sur la relation entre le vide et son contour dans un contexte sacré.
Dans mes inspirations, je suis touchée par la capacité de Marian Zidaru, sculpteur roumain contemporain, de parler de ferveur à travers installations en bois et représentations habitées, par l'attraction physique opérée par certaines sculptures en creux d'Anish Kapoor, ou par la redécouverte en 1900 de sculptures religieuses romanes du Val de Boi en Catalogne.
Comment travaillez-vous ?
Je partage un espace à Montreuil où je travaille la plupart du temps, c'est un lieu très intime où je me retire. Je travaille aussi dans un atelier en Aveyron, pour des périodes d'immersion en pleine nature. Le travail vient de façon fluide : comme je manque de temps pour créer, l'espace atelier me plonge directement dans le travail. Une tasse de thé, de la musique, je me replonge dans mon carnet pour reprendre le travail là où je l'ai laissé, et rapidement, je mets les mains dans la matière.
Avez-vous une technique particulière, un savoir-faire particulier ? Sans nous dévoiler tous vos secrets, avez-vous développé vos propres méthodes et techniques ?
Apprendre de nouvelles techniques me nourrit énormément. Je sculpte en taille directe la pierre et le bois, technique apprise aux ateliers Beaux Arts de la Ville de Paris. J'ai appris le modelage de l'argile en l'enseignant pendant 7 ans à Paris. Je me suis formée cette année au stuc marbre (mélange de plâtre, de colle et de pigments) et m'intéresse aux techniques de fabrication de mon propre matériel d'art, notamment les couleurs, à partir de pigments et jus naturels extraits directement dans la nature.
Parlez-nous de votre quotidien, de vos contraintes, de vos joies, vos réussites…
Le temps passé à créer dans l'atelier est finalement assez restreint, mais cela le rend précieux. Je suis à une étape de professionnalisation de ma pratique artistique alors j'ai beaucoup de travail à mettre en place et à suivre: administratif, communication, marketing, réponses à des appels à projets ou à résidences... Je travaille aussi à mi-temps dans une ONG et ai du temps à consacrer à ma famille donc les heures de création sont comptées ce qui créé de la frustration.
Les joies du moment sont toutes les graines plantées qui se mettent à pousser... pouvoir exposer et vendre mes objets d'art à travers ce partenariat avec Mirette a été une joie de cette fin d'année 2023 et je suis très reconnaissante d'y être référencée.
Un message à faire passer, autre chose que vous aimeriez partager ?
À une époque où l'art a pu être réduit à une chose "non-essentielle", j'aime me raccrocher à cette citation simple et percutante de Dostoïevsky : "l'art sauvera le monde".
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