RENCONTREZ L'ARTISTE
MAÏLYS HÔ - ATELIER HÔ
" J'aime être au plus proche du vivant, réemployer au maximum les matières naturelles organiques, ressentir la minéralité dans mes pièces. "
MaÏlys hô
ATELIER HÔ
Céramiste, Toulouse (31)
Maïlys Hô nous décrit son approche écologique de la céramique, et nous transporte dans son univers où sont interconnectés la danse et l’architecture.
Racontez-nous votre histoire, comment vous est venue votre vocation ?
Après des études d'architecture à l'ENSA Paris-Belleville et à l'UQAM à Montréal, j'ai exercé quelques années en agence puis j'ai monté ma structure d'architecture en 2016. J'ai orienté ma pratique vers l'accompagnement des particuliers dans leurs projets de construction ou rénovation.
En 2017, lors d’un voyage dans le désert marocain du côté du village de Tamegroute dans la vallée du Drâa, je découvre l’architecture de terre et ce matériau en particulier, omniprésent dans la culture marocaine. Mon exploration de l'argile s’ouvre dans un premier temps par la voie de l'architecture puis progresse rapidement vers la poterie.
Cette découverte sonne comme une retrouvaille. Elle fait écho avec mon enfance, dans l’atelier de céramique où je modelais l’argile toutes les semaines. De cette époque reste un bol, un cheval et une boîte.Des années se sont écoulées loin de la terre, à apprendre, beaucoup ; danser, intensément et régulièrement ; penser les espaces, les volumes et toucher les matières à travers la pratique architecturale.
Aujourd'hui, la céramique s'inscrit dans mon quotidien pour faire la synthèse de ces vies et montre qu’il est possible de créer des passerelles entre ces disciplines liées autour du geste. Le geste précis, mesuré, répété, intuitif. C’est une approche du mouvement qui, au travers de la création d’une forme, permet d’interconnecter la danse et l’architecture.
Après des stages chez les talentueuses Ingrid Van Munster et Nina Rius entre autres, je poursuis mon exploration en autodidacte.
Comment décririez-vous votre style, votre démarche artistique en quelques mots ?
Mes pièces sont dédiées aux usages de l’intérieur, et plus particulièrement aux arts de la table. Dans chacune de mes créations, je recherche un équilibre entre ligne graphique et forme architecturale. Je travaille le grès noir chamotté, le grès de Saint-Amand ou des argiles sauvages récoltées dans le pays toulousain.
Chaque forme naît d’une intuition puis d’une recherche que je matérialise principalement au tour. Cet outil me permet de façonner la majeure partie de ma production. Ma pratique architecturale m'amène à dessiner donc j'ai pris l'habitude de réaliser des croquis de mes pièces avant de les façonner. Il s'agit de profils exécutés rapidement, en coupe surtout.
Par ailleurs, j'ai développé le besoin de modeler à la main avec la technique du colombin. Cela me permet d’apprécier le temps long et un certain lâcher-prise, nécessaire à la créativité. Les moments en soirée sont propices à ces moments de créativité. Dans ces cas là, je ne fais pas de croquis, je débranche mon cerveau et je laisse mes gestes s'exprimer.
Quels sont les thèmes ou les sujets qui vous inspirent le plus dans votre travail ?
J'aime être au plus proche du vivant, réemployer au maximum les matières naturelles organiques, ressentir la minéralité dans mes pièces. Ce qui m’inspire profondément est la présence de la matière brute, la roche, la rugosité.
Les teintes et textures que je développe évoquent tantôt les surfaces oxydées des ports bretons, tantôt les nuances minérales et végétales découvertes au fil de randonnées en montagne. Mes racines vietnamiennes nourrissent également mon approche, dans la recherche de formes justes et de fonctions équilibrées.
Comment travaillez-vous ?
Je travaille dans une petite pièce de 9 mètre carré attenante à ma maison située à Toulouse et qui donne sur mon jardin. Il n'y a pas de chauffage ni d'eau courante. C'est donc très spartiate et rudimentaire, c'est un peu dur en hiver et pendant les canicules récurrentes mais cela me convient, du moins pour l'instant. Cela me permet d'intégrer le recyclage de la terre et de l'émail en continu dans ma pratique.
Techniquement j'ai 2 seaux pour le nettoyage/lavage de la terre et 3 seaux pour le nettoyage de l'émail. Au bout de quelques semaines/mois d'utilisation, je peux récupérer la matière déposée au fond du seau le plus rempli et la réemployer dans le recyclage. Ainsi, je ne génère quasiment pas de déchets et je ne consomme presque pas d'eau.
Avez-vous une technique particulière, un savoir-faire particulier ? Sans nous dévoiler tous vos secrets, avez-vous développé vos propres méthodes et techniques ?
De plus en plus, j'explore les émaux simples réalisés à partir de cendres de bois ou de coquilles d’huître. Je fais beaucoup d'essai, c'est un processus long mais c'est passionnant. Aussi, je récoltes des argiles sauvages en Haute Garonne, pour les réemployer comme faïence en cuisson basse température et les utiliser en barbotine sur des grès cuits à haute température. Aller chercher la matière à sa source, avec une pelle, des bottes et un seau en pleine nature fait beaucoup sens pour moi.
Par ailleurs, j'essaie d'atteindre une extrême finesse et une légèreté dans les pièces en grès de Saint Amand que je façonne au tour. J'aime beaucoup la rigueur, la précision et la concentration que cela implique.
Parlez-nous de votre quotidien, de vos contraintes, de vos joies, vos réussites…
Je suis souvent en tête à tête avec moi-même à l'atelier et cela m'apporte beaucoup de sérénité. J'ai besoin de solitude dans ma pratique, cela m'apaise. L'atelier étant connecté au jardin, je peux travailler dehors quand le temps le permet, c'est un vrai plaisir. Pour autant, j'ai aussi besoin d'échanger et connecter avec d'autres artisan.e.s donc j'organise parfois des ventes éphémères avec mes camarades, c'est toujours joyeux, et stimulant de partager ces moments. Cela provoque parfois de riches idées de collaborations professionnelles.
La partie la plus contraignante pour moi est la communication, le positionnement et la commercialisation. C'est un vrai métier à part entière et je ne suis pas formée à ça, alors je pense sérieusement à déléguer cette partie à un.e professionnel.le.
Un message à faire passer, autre chose que vous aimeriez partager ?
Remplacez le plastique par la céramique !
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